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Mark Rutte, nouveau secrétaire général de l’OTAN : Vers des relations renforcées avec l'UE

Le 1er octobre dernier, Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas, a officiellement pris ses fonctions en tant que secrétaire général de l'OTAN pour un mandat de quatre ans renouvelable. Sa nomination, votée par les trente-deux membres de l'Alliance le 26 juin 2024, marque le début d'une nouvelle ère après le mandat prolongé de Jens Stoltenberg, ancien Premier ministre norvégien, qui avait dirigé l'OTAN depuis 2014.


Crédit: Britannica


La nomination du Secrétaire général de l’OTAN

Le processus de sélection du secrétaire général de l’OTAN repose sur des consultations diplomatiques intenses entre les États membres. Chaque pays peut présenter un candidat parmi ses personnalités politiques de haut rang, mais la nomination finale requiert l’unanimité. Aucun choix ne peut donc être validé sans un consensus au sein de l’Alliance.


Si ce poste est traditionnellement occupé par un haut responsable politique européen, aucune règle formelle dans le Traité de l'Atlantique Nord, traité fondateur de l’OTAN, ne limite le choix à ce continent. Théoriquement, un candidat canadien ou américain pourrait être élu, pour peu qu’il rassemble l'accord de tous les membres. La prépondérance des Européens à ce poste s’explique sûrement par l’objectif initial de l’OTAN : protéger le continent européen, marqué par les deux guerres mondiales qui y ont éclaté.


De plus, si les derniers secrétaires généraux sont issus d’un État membre de l’Union Européenne (UE), cela n’a pas toujours été le cas. On peut notamment citer des figures comme Peter Carington (britannique, 1984-1988), George Robertson (britannique, 1999-2003) ou encore plus récemment Jens Stoltenberg (norvégien, 2014-2024). Cette représentation de l’UE au sein de l’OTAN, notamment par la citoyenneté européenne du secrétaire général de l’Alliance, est une manière pour l’Union de se faire représenter et ainsi assurer la représentation de ses intérêts dans la plus grande alliance militaire au monde.

Depuis la création de l’OTAN, quatre néerlandais ont eu l’honneur d’accéder à cette fonction de secrétaire général, le quatrième étant Mark Rutte.


Ainsi, l’ancien Premier ministre néerlandais prend les rênes de l’OTAN à un moment critique, où les enjeux sécuritaires et stratégiques européens se multiplient pour l’Alliance.


Le mandat de Mark Rutte

Le secrétaire général de l’OTAN remplit trois fonctions principales :

  • Présider les principaux comités de l'Alliance, dont le Conseil de l’Atlantique Nord, le Conseil OTAN-Ukraine et le Conseil OTAN-Russie

  • Servir de porte-parole principal de l'organisation

  • Diriger le Secrétariat international, ce qui inclut la nomination des membres du personnel de l’Alliance

Il a également la capacité de proposer des discussions sur des sujets spécifiques liés à l'OTAN.


Lors de sa prise de fonction, Monsieur Rutte a défini ses trois priorités pour l’Alliance comme le maintien de l’OTAN comme une organisation forte permettant une défense « efficace » et « crédible » face aux menaces existantes ; le renforcement du soutien apporté à l’Ukraine et enfin la consolidation des partenariats de l’OTAN.


Cependant, les aspirations de Mark Rutte pour l’OTAN devront s’accorder avec les missions que les États membres lui ont confiées lors de sa nomination. Parmi elles, il y a notamment la recherche de financements et de nouveaux approvisionnements en armes pour l'Ukraine. La question du financement de l'OTAN, notamment le "fardeau" financier assumé par les États-Unis, revêt une importance particulière après la victoire de Donald Trump qui, lors de son premier mandat et pendant sa campagne de 2024, menaçait de ne plus garantir la protection des États membres de l’organisation qui ne consacreraient pas au moins 2% de leur budget à leur défense. La nomination par Trump de Matthew Whitaker, le 20 novembre 2024, au poste d’ambassadeur pour l’alliance atlantique semble confirmer la volonté du futur président des États-Unis de garder cette ligne vis-à-vis de l’Alliance.

Ainsi, si le nouveau mandat du Président Trump va de toute évidence influencer l'avenir de l'Alliance, l’ancien Premier ministre néerlandais avait indiqué que « [n]ous devrions cesser de nous plaindre et de pleurnicher à propos de [Donald] Trump […] Nous devons travailler avec quiconque se trouve sur la piste de danse ». La nomination de Mark Rutte comme secrétaire général de l'OTAN en juin 2024 n'était d’ailleurs peut-être pas étrangère à la probable réélection de Donald Trump, le premier ayant côtoyer le second à de nombreuses reprises.


En outre, il devra aussi s’attaquer à la définition d’une position commune vis-à-vis de la Chine et à la gestion des relations avec la Russie. Le renforcement des liens entre l'OTAN et l'Union européenne constituera également un enjeu majeur de son mandat.


OTAN-UE : un partenariat stratégique au cœur du mandat de Rutte

Au début des années 2000, une institutionnalisation des relations a débuté entre l’OTAN et l’Union européenne, notamment après les efforts de l'UE dans les années 1990 pour accroître son autonomie en matière de défense. Ainsi, dans le concept stratégique de 2022, fixant l’orientation stratégique de l’OTAN pour les années à venir, il est indiqué que l’Union européenne est un partenaire incontournable pour l’Alliance et plaide alors pour un approfondissement du partenariat stratégique mis en place entre les deux organisations. En parallèle de cela, face aux récents défis sécuritaires, l’Union européenne se voit confier un rôle plus important dans la défense et notamment en ce qui concerne l’augmentation de la production de l’industrie et des investissements dans l’innovation.  


C’est dans ce contexte que l’élection de Mark Rutte, issu d'un pays membre à la fois de l'UE et de l'OTAN, vise à faciliter cette coopération entre les deux organisations pour les années à venir et à permettre l’effectivité de cette dernière. En effet, avec le développement du domaine de la défense dans les prérogatives de l’UE, l’une des préoccupations des membres des deux organisations est d’éviter la duplication des efforts. Avec vingt-trois membres en commun, les deux organisations doivent veiller à une coopération étroite plutôt qu'à une concurrence. Ainsi, comme l’a souligné Jens Stoltenberg avant la fin de son mandat : « [n]ous devons être ensemble et ne pas créer de structures concurrentes qui se chevaucheraient et feraient double emploi avec l’OTAN ».


Pour Mark Rutte, le développement de stratégies communes aux deux organisations, notamment sur des dossiers sensibles comme les relations entre la Turquie et Chypre, ainsi que le soutien de l’UE aux achats d'équipements militaires pour les plans de défense de l'OTAN, constitueront des terrains fertiles pour renforcer la coopération OTAN-UE au cours des prochaines années.



SOURCES




 
 
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